Deux jours après la publication des premiers décrets d’application de la réforme des retraites, et à l’avant-veille d’une tentative parlementaire mal engagée de l’abroger, les autorités ont recensé 250 points de rassemblements en France
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https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/06/06/reforme-des-retraites-pour-le-quatorzieme-jour-de-mobilisation-les-syndicats-redoutent-un-essoufflement_6176325_823448.htmlAvec une quatorzième journée de grèves et de manifestations prévue par l’intersyndicale, mardi 6 juin, le mouvement contre la réforme des retraites égale désormais en nombre de journées d’action celui, sur le même thème, de 2010.
Mais les organisations syndicales se montrent prudentes quant à la participation des salariés à cette nouvelle journée de protestation. « Ça ne sera pas du niveau des plus hautes mobilisations », anticipe Céline Verzeletti, secrétaire confédérale CGT. « Il y aura peu de grévistes », en tout cas dans l’Education nationale, reconnaît Benoît Teste (FSU), évoquant une « fin de cycle ».
Le trafic SNCF sera « très légèrement perturbé » avec « neuf trains sur dix » en moyenne, et il sera « normal » en Ile-de-France sur l’ensemble du réseau de la RATP. Un tiers des vols seront annulés au départ de Paris-Orly.
Si l’intersyndicale affirme ne pas « tourner la page », certains semblent avoir acté sa défaite. « Bien sûr que le texte s’appliquera le moment venu », a affirmé la semaine dernière le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui quittera ses fonctions le 21 juin.
Les autorités attendent entre 400 000 et 600 000 personnes sur 250 points de rassemblements, dont 40 000 à 70 000 dans la capitale.
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A Paris, la manifestation partira des Invalides à 14 heures vers la place d’Italie. Les syndicats tiendront leur point presse devant l’Assemblée nationale, marquant symboliquement le lien avec la journée de jeudi, au cours de laquelle sera examinée une proposition de loi (PPL) du groupe centriste Liberté, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT) visant à abroger la réforme.
La mobilisation sociale massive, qui a réuni à plusieurs reprises plus d’un million de manifestants selon la police, n’a pas suffi à ébranler l’exécutif, qui a usé avec la majorité de tous les outils constitutionnels à sa disposition pour faire passer son projet. Deux premiers décrets d’application de la réforme sont parus dimanche au Journal officiel, dont celui portant progressivement l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
Jeudi, la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, devrait dégainer l’article 40 de la Constitution – qui interdit aux parlementaires de déposer des amendements ayant pour effet de diminuer les ressources ou d’aggraver les charges publiques – pour déclarer irrecevables des amendements visant à restaurer l’article-clé de la proposition de loi LIOT, supprimé en commission des lois.
« Si le gouvernement invoque l’article 40, ce sera un pur scandale démocratique », a dénoncé, dimanche, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. Dans une tribune publiée lundi dans Le Monde, la gauche et les députés LIOT ont appelé Mme Braun-Pivet à laisser vivre la PPL, invoquant le risque d’un « accroissement de la colère et de la violence ».
Le débat doit se tenir « dans le cadre démocratique et le respect de la Constitution », a de son côté affirmé le président de la République, Emmanuel Macron, en marge d’un déplacement au Mont-Saint-Michel.
Attitude plus « offensive »
L’intersyndicale, qui n’a pas prévu de se réunir mardi soir, n’a pas encore fait connaître sa stratégie en cas d’échec de la PPL LIOT. « Les suites dépendront du niveau de la mobilisation mardi et du vote le 8 juin », a déclaré Mme Binet, assurant que « rien n’est écrit d’avance pour la CGT ». Celle qui a pris la suite de Philippe Martinez a fait savoir que son syndicat traquerait toute « faille juridique » pour attaquer les 31 décrets.
Le président de la CFE-CGC, François Hommeril, a lui aussi pointé, lundi, sur France Inter des décrets « peu cohérents, mal écrits », qui pourraient donner lieu à des contestations juridiques. « On restera dans l’opposition à cette loi, et on fera tout ce qu’il faut pour qu’elle ne s’applique pas », a-t-il assuré.
Soucieuse de maintenir son unité au-delà de la réforme des retraites, l’intersyndicale a commencé à travailler à des propositions communes, passant d’une posture « défensive » à une attitude plus « offensive », selon Simon Duteil (Solidaires). Elle a élargi son mot d’ordre de manifestation, appelant à se mobiliser pour « gagn[er] le retrait de la réforme » et « obten[ir] des avancées sociales ».
Le gouvernement prévoit de son côté la tenue mi-juin d’une réunion multilatérale, soit à Matignon, soit à l’Elysée, avec les syndicats et le patronat. Le pays doit « continuer d’avancer », a déclaré M. Macron, lundi.